Paris - Assouan dans les années 1930

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Paris

Une affiche de Julien Lacaze invite à visiter Paris. L’obélisque de Louxor qui domine la perspective en son centre y est installé depuis un siècle. Objet de fascination pour les occidentaux, Londres et Washington ont aussi le leur.

Prenons le comme point de départ de notre quête égyptienne qui doit nous transporter jusqu’à Assouan en 1930. En cinq jours nous serons à Alexandrie.

C’est en partant de la Gare du Nord en 1ère classe dans un wagon Pullman que le train de 7h40 devait desservir Laroche, Dijon, Lyon, Valence, Avignon puis Marseille gare Saint Charles vers 21h47.

Paris, Obélisque La Concorde 1930

Affiche de voyage pour Paris de 1930 et signée Julien Lacaze (1886-1971)

Marseille

Port de Marseille PLM Broders 1925

Affiche de Marseille pour la compagnie P-L-M, circa 1925, signée Roger Broders (1883-1953)

Marseille, Notre-Dame de la Garde et  son port historique, il est trop tard pour se promener et il est temps d’aller trouver une chambre.

La Compagnie de trains P-L-M propose une étape à l’hôtel Terminus. Ce dernier compte 83 chambres, est pourvu de lumière électrique et de salles de bain privatives.

Pour illustrer notre propos nous avons choisi de vous montrer cette affiche de Roger Broders de la fin des années 1920 qui représente si bien la ville, ses dockers, ses paquebots.

Méditérranée

La traversée de l’Occident vers l’Orient s’effectue en quelques jours via Naples puis la Sicile. La compagnie de navigation Messageries Maritimes propose les services de ses deux derniers navires : le Mariett Pacha et son sister ship le Champollion dans lequel nous embarquons. La mode est alors à l’égyptomanie depuis que l’archéologue Howard Carter a mis à jour la tombe du Pharaon Toutankhamon en 1922.

Affiche Marseille Alexandrie PLM Daviel 1927

Affiche des Messageries Maritimes signée J. Daviel en 1927

Le navire mesure environ 160 mètres de long et une vingtaine de large, c’est un trois cheminées. Lancé en 1924 il est décoré luxueusement à la manière égyptienne, avec sa vitesse de 16 nœuds il peut relier Marseille à Alexandrie en 4 jours. Toujours en 1ère classe il propose un fumoir, un salon de musique ainsi qu’un jardin d’hiver. Représenté en 1925 dans une affiche du peintre de la Marine Sandy Hook il croise devant un masque évoquant celui du fils d’Akhénaton. 

Affiche ancienne Messageries Maritimes Champollion

Affiche des Messageries Maritimes, Le Champollion, signée Sandy Hook. Les imprimeries Françaises Réunies, Circa 1930

Alexandrie

Train 1930s

Rouler en 1ère Classe rappelle les grands salons européens

Arrivé à Alexandrie, britannique depuis 1882, la liaison vers Le Caire est facile et rapide.

La Compagnie des Wagons-Lits propose les meilleurs services en train et en trois heures. Le tarif est de 22,70 francs pour la 1ère classe.

Les compartiments sont tapissés, les lambris émettent une lumière jaune presque feutrée, les fauteuils Chesterfield s’alignent dans un nuage de fumée tandis que les hommes consument leurs cigares.

Les serveurs visent leurs clients d’un œil attentif et les humeurs s’égayent tandis qu’au départ de la cité d’Alexandre le Grand les premiers brandies arrivent sur des plateaux d’argent dessinés spécialement pour la Compagnie.

Le Caire

L’arrivée au Caire est enivrante, la ville est enchanteresse. Quelques automobiles se frayent un passage aux carrefours où charrettes, charrons, chars, cycles, ânes, mules, dromadaires et chameaux, juments et chevaux se mêlent les uns aux autres à l’égyptienne, sans jamais se toucher, et dans un bruit si caractéristique qu’il plante le décor même les yeux fermés.

Dans les quartiers européens le calme est rare ; laquais, majordomes et petits commis se hèlent, les lingères et petites mains fourmillent. Quelques uniformes de Tommies ou d’officiers de sa Majesté apparaissent, plus nettement vers l’hôtel Semiramis le long du Nil où s’est installé l’État-major britannique.

Consommé Caroline, gigot de pré-salé à la jardinière, langues écarlate aux épinards, cardons aux veloutés, chapons du Mans à la broche. C’est ainsi que l’on dîne au Continental du Caire un soir de novembre 1930.

Choisissons de nous installer au mythique Mena House construit en 1869 au pied du plateau de Gizeh, en y résidant suffisamment longtemps nous pourrions certainement y croiser Madame Agatha Christie qui y rédige le second chapitre de son roman Mort sur le Nil vers 1930-1935. Il faut imaginer Winston Churchill alors presqu’inconnu du Grand Public y déambuler, on ignore souvent ses talents pour la peinture. L’écrivain Arthur Conan Doyle, le Roi George V et le réalisateur du film Laurence d’Arabie, David Lean, habiteront les murs de ce lieu d’exception. 

Affiche ancienne National Hotel Cairo Borgoni 1920

Affiche de Mario Borgoni (1869-1936) imprimée par Richter à Naples, circa 1920

Affiche pour les Savoy et Continental Hotels signée M. Borgoni vers 1925 Etiquette de voyage de l’hôtel Semiramis signée M. Borgoni Affiche pour le Shepheard’s Hotel du Caire signée M. Borgoni vers 1925

Le Nil

Carte touristique d'Egypte circa 1930

Carte touristique d’Egypte publiée à Londres vers 1920 et imprimée par Richter à Naples

Imprimée dans les années 1920 par Richter à Naples, une carte touristique fixe le cadre de notre voyage : Le Caire, Edfu, Karnak, Louxor et Assouan. Le dessin du Temple submergé de Philae évoque une citation d’Agatha Christie dans Mort sur Le Nil (1937) : « Quand quelque chose de beau disparaît c’est une perte pour le monde entier ».

Commence alors notre remontée du Nil à travers l’invitation au voyage du peintre orientaliste britannique Augustus Osborne Lamplough (1877-1930) engagé à la fin des années 1900 pour entreprendre une véritable entreprise de communication sur le tourisme en Egypte attirant tant l’élite de l’Europe que tous les archéologues et passionnés d’Histoire Antique. Il est mandaté par les chemins de fer de l’Etat Egyptien dans les années 1910. L’intemporalité des affiches de Lamplough est typique de ces occidentaux fascinés par le désert et l’Orient. 

Imaginez vous transportés en felouques avec un équipage réduit le long des bancs de sables du Nil remontant vers la première cataracte.

Luxor par Lamplough

Affiche faisant la promotion de l'Egypte en hiver, signée par A. O. Lamplough, circa 1910

Karnak

La vie du Nil est ponctuée par celle des animaux, des paysans, des temples antiques et aussi parfois par l’appel à la prière des minarets qui jouxtent le fleuve.

De temps à autres des enfants se baignent , souvent de petites embarcations s’approchent du bateau pour vendre des fruits frais.

Prendre le thé à la menthe sous la tente est un moment volé, surtout quand point le crépuscule sur les dunes.

Visiter Louxor, la vallée des Rois et des Reines, observer la Majesté des colosses de Memnon, se perdre dans la forêt de colonnes monumentales du temple de Karnac.

Le dépaysement est total tant par le climat, le décors naturel et antique mais aussi devant l’hospitalité chaleureuse des égyptiens quand nous passons près d’eux.

Affiche ancienne Karnak 1920

Affiche britannique faisant la promotion du site de Karnak, signée D. Hidayet (né en Turquie vers 1895 - 1971) circa 1920

Assouan

Affiche ancienne Crépuscule en Egypte

Affiche des Chemins de Fer de l’Etat Egyptien, Crépuscule en Egypte, signée A. Lamplough, imp. Mc Corquodale & Cie Limited London, 1911

Arrivés à Assouan plusieurs détours s’imposent. Mais avant toute chose portons nos bagages à l’hôtel le plus remarquable des environs le fameux Old Cataract ouvert en 1902.

Ses deux étages et sa couleur caramel sont le paravent d’un jardin luxuriant. Sa terrasse donne sur le Nil et la première cataracte dont l’île Elephantine est l' objet de notre première visite.

Autrefois ville du Pays de Nubie en Haute Egypte c’était un centre de négoce de l’ivoire venant d’Afrique. Ses fortifications datent d’il y a six mille ans.

S'en retourner

Pour le rêveur, le scientifique, l’homme politique ou l’écrivain, c’est généralement ici que s’achevait l’initiation aux beautés égyptiennes. On peut imaginer leurs sentiments confus à devoir quitter ce rêve envoûtant. Certains, sans doute inspirés par les illustrations des peintres orientalistes, pionniers du voyage vers le pays des Pharaons, ont pu passer l'hiver à Assouan. Le songe ne s’évanouira pas et le temps ne le fait que grandir.

A bientôt,

Signature Elbé Article

Affiche ancienne L'hiver à Assouan Egypte

Affiche des Chemins de Fer de l’Etat Egyptien, l’hiver à Assouan, signée A. Lamplough, imp. Causton London, 1907

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